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4 novembre 2013

L'invité des Pipelettes : Flippy et son défi

Aujourd'hui, un article historique et scientifique rédigé par notre invité, Flippy... 
Car un défi lui a été lancé : Cap ou pas cap d'écrire un article de fond sur un sujet qui concerne la moitié de l'humanité (enfin la moitié des invités d'un mariage où nous étions conviés...)... 
Alors, défi relevé?? A vous de juger!


Petit défi de mariage…
Hé oui !! Les pipelettes se marient. Et outre les bulles, la fête et les petits fours, les mariages sont le lieu d’étranges découvertes…
Mais cessons là le suspens : quel est le véritable sujet de cet article ???

Les urinoirs sans eau…

Vous l’aurez donc compris, c'est une pipelette masculine qui a pris la plume aujourd’hui pour relever ce défi… En effet lors de ce mariage, nous nous sommes dits (entre hommes) « tiens, tu as vu les urinoirs fonctionnent sans eau… c’est trop curieux… comment ça marche ?? »

L’alcool aidant probablement un peu ; notre rédactrice en chef des pipelettes me lance un regard et un défi du genre : « pas cap d’écrire un article là-dessus… »…
AH !!!! C’est mal me connaitre, le voici mon article…

Figure 1 : le fameux urinoir d’où tout a commencé… 

Commençons par un peu d’histoire


L’histoire des WC (pour Water Closet) commence au Moyen Âge. Pendant cette période, les villes grandissent et le traditionnel « trou » au fond du jardin (les latrines) ne suffit plus à gérer le problème des excréments. Et à l’époque on vidait directement les pots de chambre dans la rue…Ces conditions vont mener à la création de la chasse d'eau, aux égouts et aux toilettes sèches à terre.

C’est en 1592, qu’un anglais John Harington, crée la première chasse d'eau mais comme souvent cette invention ne connut pas de grande notoriété de son vivant. Il faudra attendre ensuite 1775 et l’invention du siphon par Alexander Cummings pour voir le développement des toilettes. En revanche, il n’existe toujours pas d’assainissement et tout est rejeté directement dans les rivières.

Vers le milieu du XIXe siècle, le niveau de pollution de certaines rivières devient critique. Avec l'été chaud et sec, les niveaux des rivières baissent pour ne plus charrier lentement qu'un flot d'excréments qui révolte et affole la population, notamment par la transmission du choléra. Ces événements s’étendront à plusieurs villes, comme Paris pendant l’été 1880 et sont connus sous le nom de « Grande Puanteur ». Cela marque le début de la « révolution sanitaire » que connaissent les métropoles européennes durant la seconde moitié du XIXe siècle.


Toilettes à terre vs. Toilettes à eau

En Angleterre à partir de 1836, deux systèmes de toilettes coexistent : la toilette à chasse d’eau réinventée par Thomas Crooper, et la toilette à terre, inventée par Thomas Swinburne. Une lutte commerciale serrée s’installe entre les deux systèmes.

C’est la publication des travaux de Pasteur sur les microbes qui portera un coup fatal au développement des toilettes sèches à terre, et en 1880, en conséquence de « La Grande Puanteur », une loi impose le tout à l'égout à Paris puis en Europe.

D’abord tout était rejeté dans les rivières sans traitement puis la nécessité d’épurer les eaux usées avant de les rejeter s’imposa dès le début du XXe siècle.

Le retour de la vengeance des toilettes sèches

De nos jours, l’argument premier pour les toilettes sèches (et donc plus précisément les urinoirs sans eaux) est un argument écologique et économique (cela va souvent de pair).

L’urinoir à eau est un grand consommateur d’eau (et donc un véritable gouffre financier). Il lui faut au minimum 5 litres d’eau par opération car avec moins de 5 litres d’eau l’urine instable a tendance à précipiter sous forme de carbonate colmatant les tuyauteries*. Mais avec plus de 5 litres d’eau, c’est du gaspillage.

Pour l'eau, c'est simple : un mariage (puisque c’est le départ de ce défi) dans lequel est invité 50 hommes qui (dirons nous) irons deux fois dans la soirée faire pipi (ou plus, selon la quantité de boisson ingurgitée) cela fait 500 litres d’eau utilisée juste pour rincer l’urinoir…Il y a en plus tout le reste : l'entretien et le nettoyage des cuvettes toujours sales. Un produit spécial WC coûte de 4 à 10 euro le ½ litre ou le ¾ de litre. Cela représente donc des coûts et un impact environnemental non négligeables.

Alors les urinoirs sans eau comment ça marche ???
Tout a été piqué ici : www.cstc.be

Il existe trois types de systèmes qui permettent le fonctionnement de ces urinoirs sans eaux :
type 1 (figure 1) : le coupe-air est constitué d'un fond d'urine à la surface duquel flotte un liquide à densité plus faible. L'urine provenant de l'urinoir traverse ce liquide plus léger et est ensuite acheminée vers la conduite d'évacuation. Le liquide au-dessus empêche les odeurs de remonter.


Fig. 1 Urinoir sans eau de type 1.


Fig. 2 Urinoir sans eau de type 2.

type 2 (figure 2) : sous le vase de l'urinoir (A) se trouve un compartiment (F) contenant en permanence une quantité d'urine ainsi qu'un corps cylindrique (G). Lorsque l'urinoir n'est pas utilisé, ce cylindre fait pression contre le bord en caoutchouc de l'ouverture (principe d'Archimède), ce qui empêche l'émanation des mauvaises odeurs. En cas d'utilisation de l'urinoir, un électroaimant (E) est activé (par un capteur infrarouge, p. ex.). Celui-ci tire le flotteur (G) vers le bas et l'urine pénètre dans le compartiment sous-jacent d'où elle est ensuite évacuée (via C)…

Alors celui là il est méga compliqué…
type 3 (figure 3) : l'obturateur d'odeurs est constitué d'une sorte de tuyau en caoutchouc de forme circulaire à l'entrée et plat ensuite. Cette partie plate permet de créer une fermeture étanche au gaz. Lorsque l'urine pénètre dans le tuyau via l'entrée circulaire, le rétrécissement s'élargit et l'urine est évacuée.
Fig. 3 Urinoir sans eau de type 3.



Les urinoirs sans eaux sont-ils réellement écologiques (et économiques) ?

L'économie en eau réalisée grâce à ces urinoirs ne se fait pas sans certains inconvénients. Notamment, quelque soit le système utilisé il faut changer régulièrement l'obturateur d'odeurs devra être entièrement remplacé après quelques milliers d'utilisations. Ce type d’entretien porte quelque peu préjudice à l'aspect écologique de ces derniers.

De plus, ces urinoirs ont fait l’objet d’une vive critique aux USA de la part de syndicats de plombiers qui estimaient que ce type d’installation était plus dangereux pour la santé que les installations traditionnelles à eau. Notamment au niveau bactériologique mais aussi lors du remplacement des systèmes obturateurs qui pourraient laissés échappés des gaz nocifs provenant des canalisations et des égouts.

Des études scientifiques commandées par un fabricant ont montré que les urinoirs sans eaux étaient plus sûrs au niveau bactériologique que les urinoirs traditionnels du fait justement qu’il n’y ait pas d’eau (endroit préféré de nos chères petites bactéries pour se développer). En revanche il y aurait bien une échappée de sulfure d’hydrogène lors du changement des cartouches.

D’autre part, l’installation de ces urinoirs demandent deux fois moins de temps à un plombier et plus besoin d’entretien au niveau des canalisation (voir la petite note), ceci expliquant peut être une telle colère des plombiers. Plus besoin de nombreux produits pour nettoyer, un simple passage au chiffon suffit à l’entretien quotidien.


Bref, je pense avoir réussi mon défi, à vous de juger…

Flippy.


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*Un peu de science…Pourquoi les urinoirs à eau se bouchent souvent ?

L'urine est un liquide qui a une composition complexe ce qui le rend très instable ; l'alcalinisation, la modification de température favorisent la formation de cristaux insolubles. L’eau est un liquide qui a la propriété de véhiculer de nombreuses matières en solution dont la plus connue est le carbonate de calcium (CaCO3) ou calcaire. Le carbonate de calcium lui aussi peut précipiter en cristaux (c’est le fameux tartre) en cas de variation de température ou de modification du pH de l’eau. Donc mélanger de l’urine avec de l’eau peut avoir pour résultat des dépôts insolubles pouvant colmater une évacuation ou demander un entretien de la cuvette régulier avec des produits ménagers. Ce phénomène n’existe plus dans les toilettes sans eaux.



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